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À l'ombre d'un avatar

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De la page 56 à la page 60

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L'élephant par Agoravox.fr

L'élephant par Agoravox.fr

Semaine précédente

posé sur le bureau, et y prélève une des tasses pour la porter à Line.

 

Un peu gêné par ce geste prouvant la complicité d’une nuit partagée, Gildas se réfugie dans un banal : "Bien dormis ! Une belle journée se prépare."

 

Pendant qu’ils boivent tranquillement, Jacques assis au bord du lit se tourne vers Line et lui glisse un merci évocateur. Elle fait de même. Leurs mains se retrouvent et s’unissent. Gildas sur le fauteuil Duchesse isolé par le bureau qui lui cache la vue du lit, reprend :

 

"À première vue, si j’en croie mes observations, il n’ y a pas eu de conséquences graves suite à la séance échouée d’hier soir."

 

-"Aucunement, mon petit Gigi, bien au contraire tout s’est passé à merveille ! N’est ce pas Jacques ?"

 

"Oui, à merveille... Répond ce dernier, le sourire aux lèvres. Il faudra retoucher notre procédure au labo mais pour l’assistance médicale post essai, ne rien modifier. Cela me convient à ravir."

 

-"Pour nous changer les idées, que diriez-vous d’aller jusqu’aux anciens chantiers Dubigeon ? Le plasticien François Delarozière et Pierre Orefice de Royal de Luxe redonnent une seconde jeunesse à l’île. Ils ont élaboré un éléphant mécanique de 40 tonnes et 12 mètres de haut.

 

Le Grand Éléphant est la première des Machines de l’île d’un grand projet touristique et culturel."

 

-"Super idée, répond Line, le soleil est radieux, allons

marcher dans le quartier Beaulieu puis dans les squares du quai. Nous pourrions manger au restaurant, je vous invite pour ma dernière journée avec vous, si cela vous dit."

 

-"Tu nous quittes déjà ?" s’inquiète Jacques.

 

-"Malheureusement, suite au séminaire au Maroc, je dois intervenir lundi en temps qu’ethno-pharmacienne. Par contre il me reste des jours de RTT, je pourrai revenir et rester quelques jours. Vos vacances se terminant dans une quinzaine nous pourrions travailler à votre projet."

 

Est-ce là l’unique raison de son envie de revenir ? Jacques ose caresser l’idée d’une suite dans leur relation.

 

Taquin, il propose :

"Si ton Gigi est d’accord, pour moi c’est oui... Nous aurons le temps d’y voir plus clair... Ton train est à quelle heure ? Si ça t’arrange tu peux même laisser une partie de tes affaires !"

 

Gildas, pragmatique, propose :

"Nous pourrons discuter de tout ça en marchant. Préparons-nous et profitons du beau temps."

 

À leur sortie de l’immeuble, le quartier piéton les accueille d’une bouffée d’air parfumée. Le café en pleine cuisson de la Brûlerie diffuse son arôme ; support publicitaire des plus rusés, il va chercher le client jusque dans les rues et même les boutiques avoisinantes.

 

La demeure rue de la Paix où vivent nos amis laisse apparaître trois étages. Au rez de chaussé, se trouve un commerce d’une époque révolue, du regard le passant arrive à deviner l’appartement mansardé bien que le toit à une seule

pente rende cet étage presque invisible depuis la rue étroite. A deux pas sur la droite, la Mystérieuse Librairie. Ce quartier héberge un grand nombre d’antres littéraires faisant le bonheur de Jacques.

 

Ils traversent nonchalants par les quartiers anciens. Rue du Vieil Hôpital, des peintures et des tags ornent les murs de la commune libre du Bouffay. Ils retrouvent le plein soleil sur l’allée Jean Bart, suivent le cours Olivier de Clisson au pied des 50 otages. La verdure rehausse maintenant le gris des pavés. Le quai Turenne à cette heure encore matinale n’est fréquenté que par des ménagères aux cabas chargés et des chiens en laisse accompagnés de retraités. La vie étudiante dort encore, matin de vacances.

 

Longeant les maisons des négriers sur ce quai où plus aucun navire ne vient accoster, nez vers le ciel ils suivent le vol des mouettes dans le ciel clair. Deux marins en bordée les interpellent ; épaves échouées à terre après des mois de solitude en mer, ils remontent en titubant ce quai qui roule sous leurs pas... Les pelouses ont remplacé l’eau de ce bras de la Loire asséché. Là, s’élevaient en 1900 une forêt de mats et vergues, aujourd’hui les espaces verts sont traversés par un chenal où court le flot ininterrompu des voitures.

 

Les oiseaux des arbustes du square Daviais apportent une touche nature en habillant de leurs chants le bruit de fond du trafic automobile. Nos amis traversent et rejoignent les rives de l’île Gloriette. Contournant le vieux CHU par le côté de la piscine, leurs pas les mènent sur la berge ombragée. La Loire est à marée basse. Un banc de roches accumulées le long de la rive droite affleure. L’eau fuit vers la mer en mouvements turbulents. La passerelle traverse, rectiligne, le bras d’eau partagé par les piliers.

 

Avançant au dessus de l’eau tel le corbeau d’un navire flibustier, la coursive lancée de l’île Beaulieu vers sa sœur à jamais échouée, est le chemin privilégié pour les piétons navigateurs, clients de cette traversée. Comment ne pas prendre un temps pour contempler la masse mouvante ? Venue du centre de la France, déterminée, la Loire court inlassablement vers un des-tin maritime. Au rythme des marées, l’océan remonte jusque dans ce port pour offrir sa saumure iodée à la douceur du fleuve. Ensemble réunis, ils gonflent leur lit et donnent naissance à l’estuaire.

Descendant le bras de la Madeleine par la rive gauche, ils longent des bâtiments : l’ambassade avec son écusson rouge montrant la lune étoilée puis des locaux commerciaux aux parois de verre. À la hauteur du pont Anne de Bretagne, la lumière inonde l’espace ouvert de l’esplanade des traceurs de coques du chantier naval. Le Lafayette, dernier trois mats carré à avoir eu sa coque dessinée au sol n’est plus qu’un souvenir des années 1900. Le ferry Champs Élysées sorti en 1984 signa la fin des chantiers Dubigeon. Les ferronniers, chaudronniers, riveteurs, et soudeurs sont maintenant remplacés par des constructeurs de rêves. Donnant vie aux délires de Jules Verne, ils assemblent : bois, fer et autres matériaux en bouquets de poésie pour l’émerveillement des petits et des grands.

 

Les yeux remplis de joie, nos trois amis redécouvrent leur enfance ; la magie des grands récits a investi le carrousel extérieur. L’éléphant est là à l’entrée du hangar. Sa grande hauteur donnent la dimension du couvert. Ils y pénètrent, quittant le monde du présent pour se laisser emporter dans l’intemporel. En fin de matinée un moteur démarre, salué par l’applaudissement des spectateurs. L’éléphant s’anime et dans le mouvement mécanique de ses rouages et pistons, sort au grand jour. La foule le suit sur cet ancien quai. L’animal salue le carrousel des Mondes Marins puis il poursuit sa

déambulation lente mais sûre. Les deux défenses blanches encadrent une trompe animée.

 

Le restaurant flottant de la Compagnie des Rivages ranime dans l’estomac de Gildas un besoin de nourritures terrestres. Les plats du monde sont un appel au voyage. Un navire amarré sur l'autre rive offre le décor maritime, ils se posent et déjeunent.

 

 

 

- oOo -
 

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