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À l'ombre d'un avatar

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De la page 41 à la page 45

De la page 41 à la page 45

 

Semaine précédente:

 

"Jacques, s’il vous plaît, veuillez chercher le thé ! Dans le sac du milieu ! Regardez pas, c’est un peu fouillis, j’ai voulu profiter du soleil de Marrakech jusqu’à la dernière minute."

 Un peu dérouté par le vouvoiement, il s’exécute, ouvre la glissière. Par chance le rouleau de thé repose sur le dessus. Sans nul doute, il aurait été indélicat de devoir fouiller dans les effets personnels d’une fille. Les vêtements qu’il entrevoit ne ressemblent en rien au tabliers, jupes droites et autres vêtements que porte sa mère.

 Dans la cuisine la bouilloire électrique prévient par un déclic que l’eau est chaude. Gildas sort la théière en argent du placard, le paquet de thé à la main il interroge la donatrice :

 "Combien, j’en mets ?"

 -" Regardes, ce doit être écrit sur l’étiquette."

 Le sac en papier porte des écritures en arabe et en français.

"Alors :

Rome Du Thé,

Mélange de plantes aromatiques,

composants : la lavande, la menthe sauvage, le thym, Rosemary, la sauge, la verveine, hehichrysum, thurium pallium...

 

Demnate route de Ouarzazate Iminifri km 7. Maroc.

 

Ah voilà : 4 personnes ; 2 cuillères à café avec des graines du thé dans un litre d’eau." Line explique le pourquoi de ce thé, une association locale œuvre pour le retour au pays des jeunes originaires de la région...

 "Ouarzazate !" Comme toute personne revenant du Maroc, elle se régale de roucouler : "Ouarzazate !".

 Jacques qui a pris le paquet pour voir l’étiquette, demande : "Bon ! En plus des herbes courantes, elles sont censées faire quoi ces plantes bizarres : Rosemary, Hehichrysum, Thurium pallium ?"

 Line vient à son secours. "Même si la pharmacienne est encore en vacances pour quelques jours, en résumé ce sont des plantes réputées bienfaisantes pour la vie quotidienne. Elles permettent dans un pays aussi sec de favoriser l’hydratation et la diurèse. Autrefois en France, les gents avaient couramment recours aux plantes et aux encens pour leurs soins."

 -"L’herbe bleu ! dit Jacques, la fameuse datura ! De Proust à Béatrice Sparks, la littérature en fait souvent mention. Se pose la question de savoir si nos grands auteurs étaient réellement dans l’obligation de leur usage pour commencer à écrire ?"

 En plaçant le sujet dans le monde de la littérature, voire du cinéma, il se désenvoûte de l’emprise de Line, non pas que cela lui soit désagréable mais par nécessité pour reconquérir le terrain dérobé lors du vouvoiement de tout à l’heure. Instantanément elle réagit en lui déversant tout un savoir sur les coutumes narcotiques des grands hommes.

 "Déjà, 3000 ans avant JC, les habitants de l’Amérique du sud-ouest, du Mexique, du Guatemala faisaient un usage rituel de la datura. L’éthnopharmacopée a noté que l’usage de cette plante occupe une place prépondérante pour ces civilisations aborigènes amérindiennes. L’Europe n’est pas de reste, les sorcières chevauchaient dit-on, leurs balais les soirs de sabbat en étant sous l’emprise cette drogue...Parfois utilisée pour empoisonner comme dans Hamlet où, aux dires du fantôme, le roi aurait été victime de datura introduite dans son oreille.

À Delphes, la pythie rendait des oracles de qualités différentes suivant la dose de datura absorbée... Les prêtresses du soleil au Pérou en inhalaient des fumées...

Paul Eluard vénère l’herbe au diable en temps que roi honteux d’un règne anonyme...

 Les cigarettes Legras ont été interdites suite à des infusions mortelles. C’est par fumage de la belladone dilatatrice des pupilles, de jusquiame, de la stramoine ou des fleurs de datura, dites alors trompettes des anges, que nos écrivains gouttaient à l’arbre du paradis."

Les deux garçons ont bu ses propos avec l’intérêt d’enfants découvrant un nouveau jouet sous un sapin.

 "On lui dit ?" demande Jacques en regardant Gildas dans les yeux.

 -"De toute façon, la chambre d’ami ne peut pas passer incognito. En dehors du divan tout ressemble à un véhicule spatial !"

 Gildas en frère responsable, prend la main de sa sœur.

 "Viens, Couettes, suis moi."

 -" Ne m’appelles pas comme ça, ce sobriquet est stupide. Nous n’avons plus 10 ans."

 

 

 

- oOo -

 

Les deux garçons précèdent Line. Gigi allume la lumière...

 Line avec la voie abyssale de Nicolas Hulot s’exclame : "Attention ! Attention ! Les Aliens attaquent !

 Puis d’une voie normale, c’est bien les mecs ça ! Je dors où, moi là dedans ?"

 La pièce est encombrée par le matériel d’expérience : des ordinateurs, des pupitres de commande, les tables sont surchargées de documents et de feuilles, ils se frayent un passage jusqu’au divan et s’assoient en ligne. Line au centre tourne la tête de gauche et de droite pour suivre les explications des deux intellecto-nautes. A la fin du briefing, Jacques demande à Line :

 "Je ne connais pas tes compétences, mais si j’ai bien compris, ton boulot c’est pharmacienne ?"

 -"Oui, j’ai fait mes études à Lyon puis un master "2" aux states, à Harvard en neuropharmacie, aujourd’hui je travaille pour un labo comme chef d’un secteur de recherche."

 -"Félicitation ! Marrakech vacances ou taf ? S’adressant à Gildas : tu m’avais caché un véritable trésor !"

 Les pommettes un peu rougies par le compliment, elle poursuit : "Taf... Oui ! Un séminaire... En quoi mes compétences peuvent-elles vous être utiles ?"

 Jacques, préparant ses propos, baisse son regard. Les jambes de Line sont là à toucher le velours de son pantalon... Parfaites, elles sont parfaites...

"Oui, comme vous le savez maintenant, je veux squatter le mental de Pascal lors de ses fameuses pensées. Y avait-il une substance quelconque qui faisait fureur à l’époque ?"

 -"Sans être affirmative, il est toutefois possible d’imaginer l’environnement d’un notable fin 17 ème. Les conditions sanitaires alors rudimentaires favorisaient les épidémies.

 La peste faisant des ravages, les personnes de bien usaient quotidiennement de subterfuges pour se protéger. Une coutume courante pour lutter contre l’infestation, consistait à faire brûler des encens dans les demeures. La composition en était du genre de celle-ci : deux dragmes de camphre ; deux poignées de sel gris ; on couvre ce parfum de foin que l’on fait brûler. L’action du camphre sur le système nerveux a fait l’objet de nombreuses études, il provoque un effet d’ex-citation fébrile, de modérateur des actions nerveuses, de modificateur de certaines sensibilités spéciales...

 La coutume était aussi dans les élixirs. Celui de Garrus était grandement apprécié à cette époque là. Stimulant digestif, stomachique et tonique, également utilisé comme aromatisant des potions, comme apéritif et comme liqueur, l’élixir est obtenu à partir de l’alcoolat de Garrus, liquide limpide et incolore, préparé par macération, filtration, dilution et distillation d’un mélange d’aloès Soccotrin, de safran, de myrrhe, de clous de girofle, de cannelle de Ceylan et de muscade. Il titre 80 degrés d’alcool... Il contient en plus de la vanille, du capillaire de Montpellier, de l’eau distillée de fleur d’oranger et du sucre blanc. Cette préparation contenait donc beaucoup de produits qui ne sont pas anodins pour la santé..

 

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Suite le 21 novembre 2016.

Pour notre distraction, voici la suite du Géotricon.